Pages commémoratives : Utiliser les médias sociaux pour commémorer les êtres chers

La plupart de nos moments d’introspection et d’appréciation de la vie ne surviennent qu’après la mort d’un être cher. Le temps n’est jamais plus précieux que lorsque nous réalisons qu’il n’en reste plus, et les mots ne sont jamais plus passionnément recherchés que lorsque nous ne pouvons ni les dire ni les reprendre. Cependant, traditionnellement, le deuil semble avoir une date de péremption sociale, un point à partir duquel les conversations sur ce qui aurait pu être sont découragées, et les partisans commencent à introduire les concepts de « passer à autre chose ».

Souvenir : une approche thérapeutique

Les conversations sur le souvenir sont une approche thérapeutique narrative qui non seulement encourage le développement continu d’une relation avec la personne décédée, mais constitue également un outil puissant pour mobiliser le soutien social durable des amis et des parents qui sont décédés. Les conversations de commémoration encouragent la narration d’histoires qui maintiennent intentionnellement la relation avec le défunt au premier plan.

On essaie activement de réintégrer les idéaux, les croyances et les motivations du défunt dans la vie quotidienne des vivants. En effet, il s’agit d’un grand changement par rapport à la finalité que la mort a historiquement incarnée. C’est grâce aux conversations de mémoire, et notamment au développement des médias numériques, que le confort extérieur et l’acceptabilité des systèmes de soutien social sont étendus au-delà de la mort, et que la relation peut être soutenue indéfiniment.

Dès le XVIe siècle, les mères ont commencé à conserver les portraits des bébés décédés. Des études ont montré que ces portraits permettaient à la relation avec l’enfant de se sentir plus « réelle ». Le fait d’avoir ces portraits à la maison invitait à des souvenirs fréquents et stimulait les conversations sur l’enfant. De même, les médias contemporains étendent notre relation avec le défunt et permettent à tous ses amis et connaissances de rester liés.

Technologie et deuil numérique

La technologie fait du deuil et de la célébration un phénomène collectif plutôt qu’un rituel solitaire. Aujourd’hui, nous donnons un nom à nos enfants mort-nés et célébrons leur anniversaire. Nos proches vivent sur des pages commémoratives régulièrement mises à jour sur Facebook, et au lieu, ou en plus, de la prière, nous nous adressons directement à nos défunts en postant un message en ligne.

Le plus incroyable, c’est que le soutien social, qui s’amenuisait avec le temps, peut désormais être maintenu tout au long de la vie. Alors que les paroles aimables à l’égard du défunt étaient autrefois réservées à des occasions spéciales (anniversaire de la mort, anniversaire, etc.), la relation n’est plus enterrée dans un album de photos avec la notice nécrologique, mais cultivée sur Internet. En effet, il semble que notre capacité à maintenir nos liens avec les défunts nous ait permis d’infléchir le caractère permanent de la mort, et donc de mieux l’accepter.

Pages commémoratives et réseaux sociaux

Twitter et Facebook nous offrent un moyen de commémorer numériquement nos vies et celles des défunts. La création de pages commémoratives sur les sites de réseaux sociaux permet essentiellement à l’éloge funèbre ritualisé et traditionnel de se poursuivre dans le temps et d’impliquer les amis et la famille, ainsi que des étrangers virtuels.

Les gens utilisent ces pages pour poursuivre les conversations avec les morts, plutôt que simplement comme un moyen de faire son deuil personnel. Cela semble encourager le soutien d’étrangers qui adoptent un ton de troisième personne, afin de se joindre à une conversation directe avec le proche au sujet de la personne décédée. L’utilisation de ces pages est devenue si populaire que de nombreux sites veillent à ce que la page d’une personne décédée ne soit jamais supprimée, sauf demande officielle de la famille. Ainsi, les conversations avec la personne décédée peuvent se poursuivre et il est plus facile de se souvenir.