Comprendre et vaincre la dépression

Certains parlent de déprime, d’autres de dépression. Mais quelle est la différence entre les deux ? Le point avec Sabrina Philippe, psychologue lors du « Grand Direct de la Santé ».

La différence entre déprime et dépression

La déprime correspond à un coup de blues. C’est passager et tout à fait normal d’avoir des moments de déprime. Nous vivons dans une société où il faut être très heureux dans notre façon d’être et de vivre en général, ce qui peut d’ailleurs générer à contrario une certaine pression sociale et déclencher ce fameux coup de blues !

En d’autres termes, il est de bon ton d’avoir toujours le sourire et la pèche, mais cela n’est, soyons réalistes, pas possible. En effet, nous ne sommes pas calibrés ainsi : en tant qu’humains il y a des moments où l’on se sent un peu moins bien, des petits coups durs et on n’a pas envie de sourire en permanence.

Donc la déprime c’est ça. C’est un petit moment passager, c’est normal, on se sent moins bien, on a moins envie de faire des choses et ça passe au bout de 3 semaines maximum.
La dépression en revanche, est complètement différente. Déjà, il s’agit d’une maladie qui touche énormément de monde puisque ce sont 3 millions de personnes en France et on sait même que 9 millions de personnes ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie. Cela représente environ 19% de la population, c’est énorme et c’est une véritable maladie.

Comment se traduit la dépression?

Contrairement à la déprime, les symptômes sont beaucoup plus forts et surtout vont durer beaucoup plus longtemps une fois installés. Cela est déjà un sentiment de tristesse, comme porter des lunettes noires, vous allez tout voir en noir.

Même les évènements qui pourraient vous faire plaisir, même les bonnes nouvelles ne sont plus perçues comme telles. Vous n’avez plus confiance en l’avenir, vous n’avez plus confiance en vous.
C’est déjà le premier signe très visible quand vous avez un proche qui commence à baisser la tête et raisonner en « ça n’est pas si bien que ça ». On sait également qu’il y a toujours un ralentissement d’énergie : on se traîne aussi bien moralement que physiquement.

On a moins d’énergie, le corps a moins d’énergie, on a moins d’envie de faire des choses, moins d’appétit souvent, des problèmes de sommeil qui commencent à apparaître…On a aussi moins de libido. En résumé, cette envie de vivre, cette pulsion de vivre, elle diminue et on se sent très ralenti, de moins en moins bien avec souvent des sentiments d’abandon, de solitude, de l’anxiété diffuse qui vient s’y ajouter. On a également des troubles psychosomatiques : des douleurs et parfois même jusqu’au commencement d’addictions.
Toutefois, la dépression peut également être masquée. Ainsi, certaines personnes ont plusieurs affects dépressifs avec une vie à minima, c’est masqué mais la dépression est quand même là avec ce sentiment de tristesse au fond qui est toujours là.

Des éléments déclencheurs

Comme pour toute maladie, il existe des éléments déclencheurs : il y a des moments dans la vie qui peuvent particulièrement précipitant, on parle alors de facteurs précipitant. Par exemple un deuil bien évidemment, un évènement traumatisant quel qu’il soit, un accident…mais aussi des moments dans la vie comme l’adolescence, après une maternité (le fameux « baby-blues »), chez les séniors aussi avec ce sentiment de perte d’amis ou de conjoint peut faire que petit à petit la dépression s’installe. Il y a donc des moments dans la vie où l’on peut être plus fragile.

On sait aussi que si l’on a eu une enfance particulièrement difficile, des parents peu présents, des moments difficiles à l’école…on sait que la dépression peut revenir dans la vie adulte plus facilement, elle risque de s’installer avec davantage d’aisance.

Une maladie qui se soigne

Fort heureusement, comme il s’agit d’une maladie, cela se soigne. Cela se soigne si c’est bien pris en charge. Cependant, il est difficile de l’éviter car l’on ne s’en rend compte qu’une fois qu’elle est bien installée.

C’est le médecin généraliste qui va pointer que tous les signes sont-là. A partir de là, plusieurs solutions existent : la solution médicamenteuse avec la prise d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques, voire les deux combinés selon la cause et le degré de la maladie. La médication doit s’accompagner d’une psychothérapie auprès d’un(e) psychologue ou d’un(e) psychiatre qui aidera la personne en difficulté à analyser et résoudre les problèmes.