Parler du deuil avec un enfant, un sujet délicat abordé par Yves Alphé

Quel que soit l’âge de la personne disparue et des proches en deuil, un décès est toujours une épreuve à surmonter.

Ce dernier suscite en effet de très nombreuses émotions chez les proches du défunt : un manque, de la tristesse bien sûr mais aussi parfois un sentiment d’injustice, de colère ou d’incompréhension. Ce dernier sentiment est particulièrement présent chez les plus jeunes qui n’ont encore jamais été confrontés à la mort. Yves Alphé aborde aujourd’hui la question d’évoquer et expliquer la mort, et donc le deuil à un enfant.

La perception de la mort diffère selon l’âge de l’enfant, indique Yves Alphé

Tout d’abord, le concept « enfant » est très large…il peut s’agir d’un bambin de deux ans comme d’un enfant de 9 ou 10 ans. L’on considère au-delà que l’individu n’est plus un enfant mais un pré-adolescent. Plus l’enfant sera jeune, plus il aura du mal à associer à la mort son caractère irréversible, explique Yves Alphé.

Un enfant perçoit la mort différemment selon son âge, indique Yves Alphé
Un enfant perçoit la mort différemment selon son âge, indique Yves Alphé

Par exemple, un enfant de 4 ans pourra penser que la mort est comme un voyage, l’on part puis on revient, ou encore comme un sommeil dont l’on finit par se réveiller. On estime néanmoins qu’avant l’âge de 6 ans, l’enfant n’est apte à comprendre réellement ce qu’est la mort et qu’il faut faire très attention à ne pas le traumatiser sur ce sujet.

Les années qui suivent, l’enfant devient plus à même de comprendre le concept de la mort et aura sûrement vécu son premier deuil, indique Yves Alphé, comme celui d’un grand parent par exemple. Le moment du décès et des funérailles du proche ou membre de la famille soulève alors un bon nombre de questions de la part de l’enfant.

Questions fréquentes sur la mort…et comment y répondre

« Qu’est-ce que c’est être mort? », « Quand est-ce qu’on meurt? », « Quand est-ce qu’on se réveille? », « Qu’est-ce qui se passe quand on meurt? », « Il y a quoi après la mort? », « Quand est ce que je vais le/la revoir? »…nombreuses sont les questions qui trottent dans la tête des enfants suite à un décès, illustre Yves Alphé.

Selon l’âge de l’enfant, l’on pourra « imager » le phénomène de la mort ou se montrer plus terre-à-terre. Cela dépend aussi du caractère, du vécu et de la psychologie de l’enfant concerné. Enfin, si certains décès comme la fin d’une maladie ou la vieillesse peuvent sembler plus simples à expliquer, certains cas comme un accident, un meurtre ou un suicide sont beaucoup plus délicats et il convient doublement d’employer les mots justes, insiste Yves Alphé.

La première des choses à faire lors d’un décès est de rassurer l’enfant tout en étant honnête envers lui. Ainsi, ne pas faire de fausses promesses en disant que le proche va revenir ou qu’il s’est endormi…auquel cas vous risquez de perdre sa confiance ou bien il risque d’associer le sommeil à la mort ce qui peut être très traumatisant, met en garde Yves Alphé, spécialiste dans le funéraire.

 

La mort fait partie du cycle de la vie
La mort fait partie du cycle de la vie

L’on peut par exemple lui expliquer qu’un jour notre vie prend fin, que c’est un processus naturel et que cela ne veut pas dire que la personne décédé souffre. Cela permet d’une part de rassurer l’enfant sur l’état de son proche disparu et lui montrer le cadeau qu’est la vie.

Il convient également de lui expliquer que la mort n’est pas une maladie et que si plusieurs morts peuvent survenir en même temps, cela reste rare et la mort de son proche ne le met pas forcément en danger, ni lui ni ses parents, ajoute Yves Alphé.

Quant à « l’après-mort », tout dépend de la croyance des parents (religion? Athée?). Certains vont expliquer la résurrection ou réincarnation, d’autres vont répondre que l’on ne sait pas encore ce qu’il se passe après.

Cependant, dans la plupart des cas et dans notre société, l’on tend à penser que si le corps décède, l’âme elle reste intacte et que la personne est toujours là, quelque part à nos côtés, tant que nous continuons à penser à elle.

Comprendre la psychologie de l’enfant

Le deuil d'un enfant diffère de celui d'un adulte, rappelle Yves Alphé
Le deuil d’un enfant diffère de celui d’un adulte, rappelle Yves Alphé

Bien que la situation soit difficile à maîtriser, à cause du choc du décès, des différents choix à faire auprès des pompes funèbres, d’éventuelles discordes entre membres de la famille…les parents doivent minimiser leurs émotions devant leur enfant, rappelle Yves Alphé. En effet, l’enfant se développe psychologiquement et a souvent tendance à « absorber » les émotions de ses parents voire à les sur-interpréter.

Par ailleurs, sachez que le processus de deuil d’un enfant n’est pas le même que celui d’un adulte. Il ne sera ainsi pas surprenant de voir un enfant retourner jouer normalement après que lui fut annoncé la mort de tel ou tel proche. L’enfant n’ignore pas, il a bien compris l’information mais il lui faut du temps pour bien l’intégrer et la comprendre.

Quoiqu’il en soit, il ne faut pas chercher à cacher la mort d’un proche auprès de l’enfant, car cela lui provoquerait un sentiment d’incompréhension, d’insécurité (« vais-je disparaître moi aussi? »), voire de colère et qui peut au final, termine Yves Alphé, se manifester comme un véritable traumatisme.